Lorsqu’un couple se rend chez un spécialiste en procréation médicalement assistée, la première étape consiste à obtenir un diagnostic précis de sa fertilité. À ce moment-là, les deux membres du couple sont impliqués, et les examens médicaux de la femme sont tout aussi importants que ceux de l’homme. Dans son cas, le spermogramme ou l’analyse du sperme est l’examen le plus courant.
Nous vous aidons à comprendre cet examen médical, qui analyse les caractéristiques de le sperme de l’homme avant de commencer le traitement de procréation médicalement assistée.
“Le spermogramme est une étude de base d’un échantillon de sperme obtenu par éjaculation, qui aide à définir le potentiel de fertilité chez l’homme”, explique le Dr Marta Trullenque, spécialiste de la Clinique Eugin. “Il s’agit d’un examen qui évalue la qualité du sperme selon des valeurs de référence établies par l’Organisation Mondiale de la Santé en 2021”, ajoute-t-elle.
Il est important de noter que ces valeurs sont déterminées pour des échantillons de sperme frais et ont été établies dans la population générale, c’est-à-dire dans une population théoriquement fertile. Lorsqu’un échantillon est congelé, surtout en ce qui concerne la concentration, elle est altérée. Par conséquent, le résultat d’un échantillon congelé et décongelé n’est pas utile pour établir un diagnostic, mais cet échantillon peut être parfaitement utilisé pour des techniques de procréation médicalement assistée s’il répond aux valeurs définies par les directives comme souhaitables dans chaque cas.
Ci-après, nous vous donnons les clés pour l’interpréter correctement.
Confirmation des résultats du test de spermogramme et valeurs de référence
En premier lieu, il faut être conscient que les résultats peuvent varier d’un examen à l’autre. C’est pourquoi, on conseille de réaliser une deuxième analyse entre un mois et trois mois après la première. Ainsi, les résultats peuvent être confirmés, que ce soit en cas de résultats positifs ou s’il s’agit d’un spermogramme présentant des résultats altérés.
Les valeurs reprises dans le spermogramme sont les suivantes:
- Volume : un échantillon obtenu d’une éjaculation est considéré comme étant normal lorsque la quantité de sperme est égale ou supérieure à 1,4 millilitre.
- pH : il mesure l’acidité ou l’alcalinité de l’échantillon et devrait être égal ou supérieur à 7,2. Les altérations peuvent indiquer des dysfonctionnements de la prostate ou des vésicules séminales.
- Concentration spermatique : il s’agit du nombre de spermatozoïdes par millilitre, et on s’attend à ce qu’il y en ait 16 millions ou plus par millilitre.
- Nombre total de spermatozoïdes : dans un échantillon normal, il y a au moins 39 millions de spermatozoïdes. Bien que cette valeur soit étudiée, la concentration spermatique est beaucoup plus significative.
- Motilité : elle détermine la mobilité des spermatozoïdes et les classe selon trois types :
- ayant une mobilité progressive: ils sont capables d’avancer lors de leur progression et, par conséquent, ils sont capables de parcourir les trompes de Fallope et d’arriver jusqu’à l’ovule.
- ayant une mobilité non progressive: ils n’avancent pas dans leur progression, et se déplacent en cercles.
- immobiles: ils sont incapables de se déplacer, peu importe la manière.
Selon l’OMS, ce qui est souhaitable c’est, qu’au moins, 30 % des spermatozoïdes aient une mobilité progressive.
- Vitalité : elle indique le pourcentage de spermatozoïdes vivants dans l’échantillon éjaculé, et devrait être égale ou supérieure à 58 %.
- Leucocytes : un échantillon considéré comme normal ne devrait pas contenir plus d’un million de leucocytes ou globules blancs par millilitre. Un excès peut être l’indice d’une infection.
D’autres éléments dont on tient compte sont la morphologie (au moins 4 % des spermatozoïdes doivent avoir la forme acceptée comme normale), l’aspect (l’échantillon doit être homogène et d’un gris-opalescent) et la viscosité (si elle est très élevée elle peut entraver la mobilité des spermatozoïdes).
Il est important de rappeler que même si les résultats ne sont pas pleinement satisfaisants, il existe encore des possibilités de parvenir à une grossesse, mais il est vrai, qu’elles sont un peu plus réduites. “Et, inversement, un spermogramme normal ne garantit pas la grossesse”, précise le Dr Trullenque.
Pathologies éventuelles: normozoospermie, oligozoospermie et nécrozoospermie
En termes médicaux, lorsque les valeurs du spermogramme sont dans la normale, on parle de normozoospermie. Lorsqu’il y a des altérations significatives, on peut trouver des cas d’azoospermie (absence de spermatozoïdes dans l’échantillon éjaculé), d’oligozoospermie (concentration de spermatozoïdes inférieure à la valeur de référence), et de nécrozoospermie (quantité de spermatozoïdes vivants inférieure à la valeur de référence).
L’asthénozoospermie mérite un chapitre à part, car il s’agit de “la pathologie la plus fréquente”, d’après les mots de la spécialiste d’Eugin. Dans ces cas-là, la mobilité des spermatozoïdes est au-dessous des valeurs standard, ce qui entrave leur arrivée jusqu’à l’ovule afin qu’ils puissent le féconder.
Procréation médicalement assistée: solutions pour à l’azoospermie ou l’aspermie
Même face à ce type de dysfonctionnements les plus sévères, la procréation médicalement assistée offre des traitements afin de parvenir à la grossesse avec le sperme du partenaire, sauf dans certaines situations très extrêmes d’azoospermie ou d’aspermie. Lorsqu’il n’est réellement pas possible d’utiliser son sperme, il reste toujours la possibilité d’avoir recours au sperme d’un donneur.
“En tout cas —souligne le Dr Trullenque—, la probabilité de parvenir à une grossesse ne dépend pas exclusivement des résultats du spermogramme, qui se base sur des valeurs de référence qui ne sont pas nécessairement définitives”. Le dossier médical des deux membres du couple, l’âge de la femme ou le temps investit pour la recherche de la grossesse sont des facteurs qui complètent le bilan de fertilité d’un couple.