Désormais, nous ne parlerons plus de nos traitements. A ceux qui me demandent où nous en sommes, je réponds que nous laissons faire la nature. C’est compliqué pour moi parce que j’ai besoin de parler de ce qui m’arrive, d’extérioriser les difficultés que je rencontre. La parole me libère et me soulage. Mais je me rends compte que l’on se heurte souvent à l’incompréhension d’un entourage maladroit. J’ai l’impression que seuls les gens qui ont eu de réelles difficultés à avoir leurs enfants comprennent le désarroi dans lequel on se trouve.
Quelquefois, je me demande si j’ai bien fait de clamer que nous avions besoin d’une aide pour avoir un bébé, même si je ne l’ai pas dit à n’importe qui quand même, ni à tout bout de champ. Si encore la personne s’arrêtait à « Non, pas encore d’enfants.», je n’embrayais pas, mais en général les gens sont curieux et un couple sans enfant c’est louche! Pour montrer que les stéréotypes ont la vie dure, en général, mon interlocuteur pense que ça vient de moi… Et je suis persuadée que pendant des années, des femmes ont subi des traitements parce que notre société ne pouvait admettre que l’homme aussi pouvait être responsable.
Le jour où j’ai su ce que nous allions devoir affronter, j’ai arrêté d’éluder les questions même si j’avais honte de ne pas pouvoir avoir de bébé. Bien que je comprenne qu’il n’est pas évident de répondre à quelqu’un lorsque l’on méconnaît le sujet, le silence est souvent préférable aux : « C’est dans ta tête, tu y penses trop à faire ce bébé. Tu verras ça viendra » ou « Puff ! une FIV, c’est rien, ça marche à tous les coups » Je supporte mal aussi les personnes qui me donnent du « Bah ce n’est pas si grave, y’a pire ». C’est vrai, il y a pire. Je n’ai pas perdu un membre et je ne suis pas handicapée mais ça m’énerve parce que souvent cette réflexion vient de gens qui se plaignent pour un rien.